Günter Grass Ecrivain allemand, Prix Nobel.

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Emissions spéciales à la télévision, hommages unanimes du monde politique et artistique… Günter Grass qui n’aimait rien tant que la polémique aurait-il apprécié les éloges prononcés à l’occasion de son décès  ? Pour le président de la République, Joachim Gauck, ”  son œuvre est un miroir impressionnant de notre pays  “. Pour Angela Merkel que Günter Grass, compagnon de route des sociaux-démocrates, ne portait pas dans son cœur, ”  avec son engagement aussi bien culturel que sociétal ou politique, il a accompagné et imprégné l’histoire de l’après-guerre en Allemagne comme peu de personnes  “. Plus chaleureux, Sigmar Gabriel, président du Parti social-démocrate et vice-chancelier, note que Günter Grass ”  a changé notre pays, l’a éclairé au meilleur sens du terme. Ses prises de parole souvent contestables et ses interventions dans différents domaines ont donné plus de couleurs, ont enrichi la culture politique allemande et ont modifié les relations entre la politique et la culture  “.

En  2013, Günter Grass avait fait campagne en faveur de Peer Steinbrück, le candidat du SPD contre Angela Merkel. L’année précédente, en avril  2012, Günter Grass avait provoqué une importante polémique en publiant dans la Süddeutsche Zeitung un poème Ce qui doit être dit dans lequel il accusait Israël de menacer l’Iran et du coup la paix dans le monde. Il dénonçait les ventes d’armes allemandes, notamment des sous-marins, à Israël. Critiqué par la plupart des responsables politiques allemands, l’auteur avait fait en partie marche arrière, s’en prenant non plus à Israël mais à son gouvernement. Néanmoins, le soutien reçu par Günter Grass dans l’opinion avait incité le SPD à modérer ses critiques à son encontre. Sigmar Gabriel avait même fini par prendre sa défense.

”  Les mains sales  “Ce lundi 13  avril, une des rares critiques est venue de l’historien israélien Moshe Zimmermann qui a estimé que l’écrivain avait franchi ”  la ligne rouge  “ avec ses critiques contre Israël et qu’il avait ”  les mains sales  “ en raison de son passé nazi.

En revanche, l’ancien syndicaliste et président polonais Lech Walesa a rendu hommage à Günter Grass qui ”  savait que la conception allemande erronée avait coûté très cher au monde entier, et en particulier à la Pologne  “.

Le Prix Nobel de littérature, Orhan Pamuk, a également rendu un vibrant hommage à celui qui lui a toujours fait l’effet d’”  être l’élève de Rabelais et de Céline  “. ”  Je crois qu’il s’affirmera comme l’écrivain allemand le plus important après Thomas Mann  “, estime Per Wästberg, écrivain et membre de l’académie suédoise.

Pour le cinéaste Volker Schlöndorff, ”  la machine à écrire était son tambour. Il savait l’utiliser  “. Jusqu’à ses dernières heures d’ailleurs. Lundi, son éditeur Gerhard Steidl a révélé que Günter Grass avait achevé la semaine dernière un ouvrage mêlant prose et poésie et que celui-ci serait publié le 12  juin à l’occasion de l’ouverture, à Göttingen, d’un centre contenant les archives de l’écrivain.

Frédéric Lemaître