Vers une nouvelle « guerre des mafias ».

 

En Italie, la mort du « parrain des parrains », Toto Riina, attise les convoitises au sein de Cosa Nostra.
“Riina, comme tous les mafieux, était excommunié. Son nom ne sera même pas inscrit sur sa tombe ” MGR MICHELE PENNISI, ARCHEVÊQUEITALIE Toto Riina sera enterré cette semaine dans le cimetière de sa ville natale de Corleone, à 50 km de Palerme. En secret, sans messe, ni office religieux. « Nous en avons convenu avec le préfet de police. Riina, comme tous les mafieux, était excommunié. Son nom ne sera même pas inscrit sur sa tombe. Hors de question d’en faire un lieu de pèlerinage », explique l’archevêque Mgr Michele Pennisi. Le corps du parrain décédé vendredi à l’hôpital de Parme, après vingt-quatre ans d’incarcération, a été autopsié samedi. Selon les premières constatations, sa mort serait naturelle. La famille a pu se recueillir un bref instant auprès du corps : Ninetta Bagarella, sa femme pendant quarante-trois ans, fille d’un autre boss, et deux de leurs quatre enfants, l’aînée, Maria Concetta et son frère Salvo. « Circulez. Nous n’avons rien à dire. Nous vous dénoncerons. Respectez notre douleur », ont-ils lancé avec arrogance aux journalistes devant l’hôpital.Déjà on s’interroge sur l’avenir. Jusqu’au dernier jour, Toto Riina était le chef incontesté de la Mafia. En témoignent des enregistrements réalisés à son insu en prison de conversations avec un autre détenu. Si la structure pyramidale de Cosa Nostra a été démantelée par la police, la « Pieuvre » avec son potentiel de rackets, d’extorsions et de trafics de stupéfiants représente encore trop d’intérêts pour que les mafieux la laissent à l’abandon.Dans l’ordre de succession, Salvo Riina, le fils aîné de Toto, 40 ans dont huit déjà passés en prison, assigné à résidence à Padoue, loin de la Sicile, paraît bien placé, même s’il est surveillé de près par la police. Tous les regards convergent vers Matteo Messina Denaro, le dernier des grands chefs de clan encore en liberté, en cavale depuis 1993. « S’il est encore en Sicile, il se cache certainement à l’ouest de la Sicile autour de Trapani », sa ville natale, déclarait vendredi à la presse étrangère Gaspare Mutolo, le premier repenti de Mafia, ancien chauffeur de Toto Riina et son exécuteur des basses oeuvres avec 22 assassinats sur la conscience, tous par étranglement.« Si Messina Denaro est à Trapani, nous le prendrons », affirme le chef de la police nationale, Franco Gabrielli. Mais il ne croit guère qu’il puisse encore commander aux quatre-vingt « familles » de Palerme. Le chef de police de Palerme, Renato Cortese, se dit lui convaincu qu’une « guerre de mafias » va reprendre tôt ou tard.Déjà le 28 mai, un petit truand, Giuseppe Dainotti, a été assassiné sur la route de l’aéroport. Il venait d’être remis en liberté, comme 330 autres mafieux, libérés cette année après avoir purgé leur peine. Une réserve criminelle potentielle. Un ancien lieutenant de Riina, Giovanni Griffazzi, dit « Le Messie », 68 ans dont 25 en prison, aujourd’hui revenu à Corleone, a le pedigree d’un chef.Mais pour le nouveau procureur national antimafia Federico Cafiero De Raho, « le temps des grands capi comme Riina et Provenzano est révolu. Leur arrestation n’a pas empêché la mafia de continuer à opérer. On va retourner aux années 1980 où des truands n’ayant pas le même charisme étaient aux commandes ». Le procureur de Palerme Franco Lo Voi estime pour sa part qu’il est « trop tôt pour donner des noms ».
Le Figaro.
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