StandardPoor’s épingle les fragilités de l’économie italienne.

 

L’agence de notation a passé la perspective de stable à négative. Le gouvernement a vivement réagi.
BUDGET Les mises en garde n’en finissent plus contre le dérapage des comptes publics italiens. Après le FMI, la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission de Bruxelles, l’agence de notation StandardPoor’s a rejoint vendredi la cohorte des alarmistes. Elle a certes maintenu sa note pour l’Italie à BBB mais a passé la perspective de « stable » à « négative ». Son homologue Moodys’ a, elle, déjà abaissé la note.Pour l’économiste Marco Causi, qui enseigne à l’École des affaires publiques de Sciences Po, cette notation en demi-teinte de Standard & Poor’s reflète le fait que « la situation macrofinancière de l’Italie reste meilleure qu’en 2011 », lors de la tempête monétaire qui avait fait tomber Silvio Berlusconi.Aujourd’hui, quelque 430 milliards d’euros de titres d’État, représentant 20 % de la dette souveraine italienne, sont détenus par la Banque d’Italie et par le système européen de banques centrales. La BCE a déjà fait savoir qu’elle ne vendrait pas les titres qu’elle détient quand elle ralentira ses achats au début 2019. « La dette italienne qu’il faudra financer ne sera donc pas de 130 %, mais de 100 % du PIB », calcule Marco Causi. Il n’en demeure pas moins qu’avec un spread qui oscille autour de 300 points de base et a culminé à 340 points vendredi, le Trésor doit prendre en considération l’alourdissement du service de la dette. « Il coûte déjà 1,9 milliard d’euros de plus pour 2018, selon le document transmis à Bruxelles, et pourrait se détériorer d’ici la fin de l’année. Cela pèsera sur le déficit qui risque d’être supérieur en 2019 aux 2,4 % annoncés par le gouvernement, pour atteindre 2,8 à 2,9 % du PIB », souligne l’économiste.Risque sur les banquesAvec un spread à 400 points base, il sera aussi nécessaire de recapitaliser les banques italiennes, qui détiennent 35 % des emprunts d’État italiens. Un problème qui, par ricochet, concerne la France. « Certaines banques françaises sont présentes en Italie au travers de filiales qui financent les entreprises et les ménages à hauteur d’environ 280 milliards d’euros. C’est une somme gérable, mais importante », a précisé dimanche Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, au Parisien.L’un des modérés du gouvernement italien, le secrétaire d’État à la présidence du Conseil, Giancarlo Giorgetti, un proche de Salvini, est le premier à reconnaître ce problème. C’est aussi le sens de la mise en garde lancée vendredi par le président de la BCE, Mario Draghi, qui n’exclut pas des conséquences violentes pour le rendement des titres d’État si « l’Italie ne parvient pas à trouver une entente avec l’Europe ».L’avertissement du banquier central a provoqué une vive réaction du gouvernement populiste. « Je vois chez certains pays comme l’Allemagne plus de respect pour ce que fait l’Italie que chez le patron de la BCE », a déclaré Luigi Di Maio, le leader des 5 étoiles et vice-président du Conseil. Quant au leader de la Ligue, Matteo Salvini, lui aussi vice-président du Conseil, il n’exclut pas un veto de l’Italie quand le budget européen sera discuté en décembre à Bruxelles, si une procédure d’infraction contre son pays devait être engagée. Cela étant, un tel veto entraînerait inévitablement la suspension des fonds structurels européens dont l’Italie profite largement…
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