M. Renzi veut imposer son chiocci à ls tête de l'Italie.

Sergio Mattarella est le favori du scrutin qui doit désigner le successeur de Giorgio Napolitano à la présidence

Sergio Mattarella, 73 ans, presque inconnu au-delà des frontières de la Péninsule, paraissait, jeudi 29 janvier, être en mesure de devenir le 12e président de la République italienne. Matteo Renzi, président du conseil et secrétaire du Parti démocrate (PD centre gauche), principale formation du Parlement, a demandé à ses grands électeurs de porter leurs suffrages sur cet ancien ministre démocrate-chrétien et membre de la Cour constitutionnelle au quatrième tour de scrutin, samedi, lorsqu’une majorité simple (505 voix) suffira à le faire élire. Et de voter blanc jusqu’à cette date. Au total, 1 009 votants (parlementaires et délégués des régions) participent à cette élection. Une majorité qualifiée des deux tiers (672 voix) est requise lors des trois premiers tours.
Dans un discours très habile prononcé juste avant le début du vote, le chef du gouvernement a joué de plusieurs cordes sensibles. Il en a d’abord appelé aux souvenirs douloureux des élus qui, en février 2013, incapables de se mettre d’accord sur le nom d’un successeur au président sortant, avaient dû supplier Giorgio Napolitano de se représenter. Après avoir rappelé l’assassinat, en 1980, à Palerme, par la Mafia du frère de M. Mattarella, Piersanti, M. Renzi a énuméré les qualités de ” Sergio, l’homme de la légalité ” : sa démission, en 1990, d’un des gouvernements Andreotti pour protester contre une loi qui a permis à Silvio Berlusconi de bâtir son empire médiatique ; ses qualités de juge constitutionnel dans une période où l’Italie s’efforce de réformer le mode de scrutin et de mettre fin au bicamérisme, sources de blocages et d’instabilité. ” C’est le candidat sur lequel nous jouons notre crédibilité, il n’y en aura pas d’autre “, a-t-il lancé.
Le nom de Sergio Mattarella, membre du PD, a été validé par -acclamation. Deux partis, Choix civique, fondé par Mario Monti, et Gauche, écologie et liberté, forts d’une soixantaine de parlementaires, se sont également rangés à ce choix.
Par acclamation ? Comme en 2013, lorsque ces mêmes élus avaient plébiscité le nom de -l’ancien commissaire européen Romano Prodi avant qu’une centaine d’entre eux ne le ” flingue ” dans le secret des urnes ? Le chef du gouvernement veut croire que cette époque est révolue. Il y a deux ans, au sortir des élections législatives et sénatoriales, le PD, alors dirigé par Pierluigi Bersani, était en proie aux déchirements consécutifs à sa non-victoire. Il pèse aujourd’hui plus de 40 % des suffrages, selon les résultats des élections européennes de mai 2014, et 36 % des intentions de vote, selon les sondages.
Ressouder son parti
Le choix de Sergio Mattarella est l’occasion pour Matteo Renzi de ressouder son parti après l’avoir porté au bord de la fracture en faisant approuver la réforme du code du travail, puis celles du scrutin et du Sénat (toujours en cours de discussion) grâce aux voix des parlementaires de Forza Italia (droite), le parti de Silvio Berlusconi. Cet accord entre les deux hommes, signé il y a plus d’un an, a été l’objet de toutes les suspicions : quelles en sont les clauses secrètes ? Les contre-parties ? Une modification de la législation sur la fiscalité ? Une grâce en faveur de l’ex-Cavaliere ? Exclu par la porte de la vie politique suite à sa condamnation définitive pour fraude fiscale, le premier ministre ne lui faisait-il pas la courte échelle pour revenir par la fenêtre ?
Alors que chacun s’attendait à ce que l’actuel et l’ancien président du conseil consolident leurs liens, Matteo Renzi a surpris tout son monde, au risque de faire voler en éclats cette alliance. En choisissant Sergio Mattarella, ” un homme à l’échine droite ” dont le magnat des médias se méfie, le chef du gouvernementmet son aîné, qui aurait préféré la personnalité réputée plus souple de -Giuliano Amato, au pied du mur. C’est à prendre ou à laisser.
” Inacceptable “, a jugé à chaud un des lieutenants de l’ex-Cavaliere. Mais ce dernier est devant un choix : combattre jusqu’au bout une candidature que le PD et ses alliés, s’ils restent unis, peuvent imposer à la majorité simple samedi ; s’y ranger bon gré mal gré, pour compter parmi les faiseurs de roi.
Comme prévu, jeudi, le premier tour de scrutin n’a délivré aucun vainqueur. Fernandino Imposimato a recueilli 120 voix de la part des élus du Mouvement 5 étoiles, qui a choisi cet ancien magistrat comme porte-étendard. Mais ce sont les votes blancs, ceux qui devraient se porter samedi sur -Sergio Mattarella, qui l’ont emporté, avec 538 suffrages, 33 de plus que la majorité requise. Un peu juste mais suffisant.