En Italie, l’hypothèse Conte suspendue au feu vert du président Mattarella.

 

La désignation de Giuseppe Conte à la présidence du Conseil est suspendue aux doutes du chef de l’État.
Le président Sergio Mattarella, qui a le dernier mot en matière de nomination du gouvernement, n’avait toujours pas pris de décision, mardi, concernant la proposition de nommer Giuseppe Conte président du Conseil. Celle-ci lui a été faite lundi par les chefs de file de la Ligue et du M5S. Depuis, Conte a été accusé d’avoir « gonflé » son CV. ITALIE Jouant pleinement son rôle d’arbitre du jeu politique, Sergio Mattarella prend son temps. Le président de la République s’est abstenu, mardi, de convoquer le professeur de droit privé Giuseppe Conte pour le charger de former un nouveau gouvernement. Dans le respect de ses prérogatives constitutionnelles, le chef de l’État a jugé bon de prendre auparavant l’avis des présidents des deux Chambres, Roberto Fico et Elisabetta Alberta Casellati.Sergio Mattarella n’a pas apprécié d’entendre le leader du Mouvement 5 étoiles (M5S), Luigi Di Maio, annoncer à haute voix, dans la cour du Quirinal d’abord, puis sur son blog, le nom de son candidat à la présidence du Conseil qu’il venait de lui soumettre. L’usage républicain commande de laisser au chef de l’État cette prérogative.Le chef de l’État se pose aussi des questions sur la personnalité même du candidat. Il aurait préféré un choix plus politique, à savoir le leader du M5S luimême, Luigi Di Maio. Depuis les élections du 4 mars, le chef de la Ligue, Matteo Salvini, s’oppose à ce choix et c’est finalement un compromis qui avait été trouvé lundi en la personne de Giuseppe Conte.Si ce dernier devait être confirmé, le président de la République lui demanderait des clarifications sur son CV. Giuseppe Conte avait indiqué qu’il avait suivi des cours de perfectionnement à la New York University. Le New York Times a mené son enquête et n’en a pas trouvé trace. Une question se pose aussi sur son passage à Vienne, un institut de langue et non une université.Gouvernement « antisystème »Si malgré tout l’option Giuseppe Conte était retenue, le président Mattarella lui demanderait de lui présenter le programme de gouvernement qu’il soumettra au Parlement. Il considère en effet le « contrat » commun à la Ligue et au M5S comme un simple accord privé entre deux parties ne pouvant engager le gouvernement de l’Italie. Aussi a-t-il voulu s’entourer de toutes les précautions avant de donner son feu vert à la formation d’un gouvernement « antisystème » qui donne déjà des sueurs froides à l’Europe. La convocation de Conte, si elle intervient, ne devrait pas avoir lieu avant jeudi, estime-t-on dans les milieux politiques.Enfin, le président n’a voulu prendre en considération aucune liste de ministres, pressentis ou non. La composition du gouvernement devra être discutée directement entre le président du Conseil désigné et le chef de l’État, conformément à la Constitution.Les noms qui circulent au sein de la coalition concernent surtout l’attribution des ministères régaliens. Certains portefeuilles seraient déjà garantis : l’Intérieur au leader de la Ligue, qui veut faire place nette dans l’accueil des migrants. Les Affaires étrangères à Giampiero Massolo, un diplomate de 63 ans avec une longue expérience qui préside les chantiers navals Fincantieri. Un rôle stratégique pour l’habile négociateur de la Ligue Giancarlo Giorgetti (51 ans), probable secrétaire d’État à la Présidence du Conseil. À moins qu’il ne prenne le ministère de l’Économie. Le Quirinal s’inquiétait en effet du possible retour de Paolo Savona (81 ans), un europhobe convaincu, déjà ministre de l’Industrie en 1993 dans le gouvernement Ciampi.
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