Petits bras s’abstenir. La course à la taille devient vertigineuse à Wall Street où deux unions totalisant 100 milliards de dollars ont été annoncées lundi en l’espace de quelques heures. Dans les services pétroliers, le rachat du numéro 3 du secteur, Baker Hughes, par le numéro deux Halliburton, doit permettre au nouvel ensemble de défier le numéro un, et leader mondial, Schlumberger. Ce mariage à 34,6 milliards, payé en cash et en titres Halliburton, porte à 369 milliards le montant des fusions enregistrées dans ce seul secteur depuis le début de l’année, le double de l’an dernier !

L’effervescence est encore plus impressionnante dans la pharmacie, avec le rachat pour 66 milliards du fabriquant de Botox Allergan par son compatriote Actavis. Ce deal va hisser le nouveau groupe dans le top 10 des laboratoires mondiaux. Il permet surtout à Allergan d’échapper à l’offre hostile lancée en avril par le canadien Valeant Pharmaceuticals, épaulé dans son offensive par l’investisseur activiste William Ackman, par ailleurs premier actionnaire d’Allergan… A 219 dollars par titre, la bataille est aujourd’hui chèrement close.

Ce superbe doublé n’a pas emballé Wall Street lundi, apparemment plus préoccupé par l’annonce d’une rechute du Japon en récession, nouveau signal d’une économie mondiale en décélération. Il faut dire aussi qu’un méga-deal chasse l’autre depuis plusieurs mois. L’agence Thomson Reuters dénombre déjà mondialement 494 mariages à plus de 1 milliard de dollars, et surtout trente opérations dépassant les 10 milliards, dont une écrasante majorité sont américaines. Sur ce plan 2014 qui avait commencé en fanfare aux Etats-Unis s’inscrit comme l’année la plus fastueuse depuis la grande époque 2007-08. Avec 37 records historiques inscrits depuis le 1er janvier, la Bourse a déjà bien fêté l’esprit de conquête retrouvé de ses entreprises, très riches en cash. De là à dire que la gueule de bois menace…