Sous le règne d’Abdel Fattah Al-Sissi, les verdicts se suivent de près et les peines – très lourdes – s’enchaînent, en Egypte. Un tribunal cairote a ainsi condamné mercredi 230 militants anti-Moubarak à la prison à vie (soit vingt-cinq ans de détention) pour “incitation à la violence” et “agression envers les forces de l’ordre” lors de heurts survenus à la fin de 2011. Parmi eux, Ahmed Douma, un révolutionnaire de gauche connu pour avoir été l’une des figures de proue de la révolution ayant chassé du pouvoir Hosni Moubarak, rapportent Gulf News et le Daily News Egypt. Agé de 29 ans, M. Douma, qui purge déjà une peine de trois ans pour violation d’une loi controversée limitant le droit de manifester, a été de tous les rassemblements contre l’ex-raïs, mais aussi contre le Conseil suprême des forces armées (2011-2012) et Mohamed Morsi, le premier président démocratiquement élu du pays, renversé par un putsch en juillet 2013, rappelle Ahram Online. Le jugement rendu mercredi est le plus sévère qui ait été prononcé à l’égard de militants libéraux depuis quatre ans, soulignent la BBC et le Los Angeles Times, qui évoque un effritement patent de droits fondamentaux, tels que la liberté d’expression ou de rassemblement. La récente libération du journaliste australien d’Al-Jazira, Peter Greste, qui avait été condamné pour diffusion de “fausses informations” et soutien aux Frères musulmans (classés organisation terroriste), ne saurait masquer l’autoritarisme qui prévaut en Egypte, estime The Atlantic. Brutalité policière, torture et musellement de la presse : voilà aujourd’hui le coût de la reprise économique, déplore The Spectator. Pourtant, l’Occident traite Sissi avec “quasi-révérence”, comme si rien ne s’était passé en 2011, regrette le Financial Times. Une “amnésie” que condamne l’analyste Rula Jebreal, de Salon, pour qui les graines d’une nouvelle rébellion sont déjà en germe…