Ils sont 33 ! L’un est déjà en poste et aspire à y demeurer. Et ils sont 32 à convoiter sa place de patron de France Télévisions, l’un des sièges les plus instables et inconfortables que l’on puisse imaginer à ce niveau-là de responsabilité. Et ils devraient tous être à regarder ce qui se passe au sommet de la Maison ronde et à méditer le lent délitement qui est en marche.

Il est seul ! Nommé il y a un an par le CSA, le patron de Radio France se retrouve totalement isolé, sans le soutien de ceux qui l’ont fait roi, face à deux adversaires déterminés l’un à le faire plier – les syndicats, l’autre à le déstabiliser – le gouvernement par la voix de son ministère de tutelle.

Certes, Mathieu Gallet a fait des erreurs. Mais il est, comme le fut à certains moments son homologue de France Télévisions, confronté à une équation impossible : une entreprise ultra-médiatisée, porteuse du pavillon français, un groupe totalement paralysé face à la réforme, ossifié par des années de renoncements, un patron qui doit en permanence quémander ses appuis. Et un actionnaire, l’Etat, qui convoque, admoneste, menace, impose, cherche toujours la solution la plus anodine, la vision la plus conservatrice, celle qui ne nécessite aucun courage mais permet de reporter sine die les problèmes.

C’est le pire de ce que peut être le rôle de l’Etat. On en serait presque à oublier d’autres interventions malheureuses de l’actionnaire public : que ce soit l’inconstance dans la gestion de la vente par Orange à un étranger de sa filiale Dailymotion. Ou pire, l’inconscience des promesses de sauvetage faites à des milliers de salariés de Mory Ducros (devenu Mory Global) par un Arnaud Montebourg qui n’avait pas encore suivi son stage découverte à l’INSEAD. Résultat : 5000 salariés mystifiés, et 5000 emplois disparus.

Nicolas Beytout