L’issue du référendum grec de dimanche 5 juillet est totalement incertaine, selon les ultimes sondages. Les deux camps se sont mobilisés jusqu’au bout ” Le Monde ” examine deux scénarios, celui du oui au référendum (page 2) et celui où le non l’emporte (page 3), comme le souhaite Alexis Tsipras
Jacques Delors appelle à ” poursuivre l’odyssée ” avec Athènes. Jean-Claude Trichet prédit une ” catastrophe ” en cas de ” Grexit ”
Une nouvelle fois, l’Europe est suspendue aux résultats d’un scrutin en Grèce. Le référendum, organisé dimanche 5 juillet, s’annonce très serré, entre les partisans du non, soutenus par le gouvernement d’Alexis Tsipras, et ceux du oui, au coude-à-coude dans les sondages.
Angoisse. Depuis l’annonce suprise, le 27 juin, du premier ministre, Alexis Tsipras, – au milieu de négociations très tendues à Bruxelles – de soumettre au peuple grec le projet d’accord entre son gouvernement et les créanciers du pays, qui souhaitent des mesures drastiques d’économie, la confusion règne de nouveau à Athènes. Le contrôle des capitaux, imposé pour éviter les retraits massifs dans les banques – limités à 60 euros par jour –, alimente un sentiment d’angoisse sur les lendemains de référendum, dans une société de plus en plus divisée.
Rassemblements.Vendredi 3 juillet, des dizaines de milliers de personnes ont participé à deux rassemblements à quelques centaines de mètres de distance. Place Syntagma, Alexis Tsipras galvanisait ses troupes : “ Nous fêtons la victoire de la démocratie. La Grèce envoie un message de dignité, personne n’a le droit de diviser l’Europe. “ Devant plus de 25 000 personnes, il a appelé à voter contre ” les technocrates de l’austérité “.
A moins d’un kilomètre, plus de 22 000 manifestants se sont réunis au vieux stade olympique pour appeler à voter ” oui à l’Europe “. ” Nous sommes entraînés dans un référendum inutile qui divise le peuple et fait mal au pays “, a dénoncé le maire d’Athènes, Georges Kaminis (indépendant, soutenu par le Pasok).
Négociations. Le scrutin est suivi avec une grande attention dans les capitales européennes, où plusieurs dirigeants, à l’image du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ont appelé à voter oui. ” Si les Grecs votent non, la position grecque sera considérablement affaiblie “, a affirmé M. Juncker qui a essayé à plusieurs reprises de faire revenir Athènes à la table de négociations malgré le refus de Berlin.
Défaut.Une autre personnalité, moins connue, mais très influente pour le sort de l’économie grecque, est indirectement intervenue dans le débat. L’Allemand Klaus Regling, directeur général du Fonds européen de stabilité financière, a déclaré que la Grèce était officiellement ” en défaut “, après le non-remboursement de 1,6 milliard d’euros dus au FMI, le 30 juin. ” Ce défaut est une cause de grave inquiétude. Cela rompt l’engagement pris par la Grèce d’honorer ses obligations financières et ouvre la voie à de sévères conséquences pour l’économie et le peuple grec “, a déploré le président du Fonds, le plus gros créancier de la Grèce (144,6 milliards d’euros). Certaines sources à Bruxelles n’hésitent plus à dire qu’elles sont prêtes à ” assumer le Grexit “, même si cela coûte plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, appelle dans un entretien au site Politico à éviter les ” messages dramatiques “. Sur un ton plus conciliant que d’autres responsables européens, il indique que le référendum ne porte pas ” sur le maintien ou non dans l’eurozone “. Mais, quel que soit le résultat du scrutin, la pression des créanciers sur le gouvernement Tsipras sera énorme.
Alain Salles