La vraie réponse à la crise grecque.

Quand un bras de fer est engagé, il importe de le gagner. Face à une Grèce dont la nouvelle coalition rouge-brun a choisi la confrontation avec l’Union européenne, le premier devoir des autres Etats membres est de serrer les rangs.

Les enjeux de la crise grecque sont immenses : l’avenir des politiques de réforme ; la gestion des énormes dettes souveraines et la stabilité du système bancaire ; l’irréversibilité de la monnaie commune ; la crédibilité et la vigueur des mouvements eurosceptiques de gauche comme de droite. Sans parler des milliards d’euros qu’un effacement de dette grecque coûterait aux contribuables, français et allemands au premier chef.

Sur cet arrière-plan, il serait vain, irresponsable et dangereux que la France imagine se poser en porte-parole de l’Europe du Sud pour imposer à l’Allemagne, à la faveur de la nouvelle crise grecque, un desserrement de l’étau budgétaire. Vain, car les premiers à réclamer le respect par Athènes de ses engagements sont ceux qui ont consenti de coûteux sacrifices pour rétablir leurs comptes, comme l’Espagne ou le Portugal. Irresponsable, car l’intérêt national de la France, Etat créditeur de la Grèce, est de défendre les intérêts des pays prêteurs. Dangereux enfin, car céder aux revendications de Tsipras reviendrait à miner tout le système de stabilisation de l’eurozone mis en place après la crise de 2008-2011. La France devrait au contraire saisir l’occasion pour se rapprocher d’Angela Merkel et reconstruire un vrai projet franco-allemand, autour de l’unification budgétaire et fiscale. Car la crise grecque n’est qu’un des périls auxquels l’Europe doit faire face. Sans un axe franco-allemand fort, la survie du projet européen lui-même est en jeu. On ose espérer que Paris n’a pas déjà choisi son camp.