La FIFA, le ” monstre ” de Blatter.

 

La fédération assoit sa puissance financière principalement grâce aux revenus produits par la Coupe du monde
Selon son prédécesseur brésilien, Joao Havelange, Joseph Blatter aurait fait de la Fédération internationale de football un ” monstre “. Il faut dire que la FIFA a connu une véritable explosion économique depuis que le Suisse – réélu le 29 mai pour un cinquième mandat lors du 65e congrès de la FIFA – en a pris la présidence en 1998. Comptant actuellement 209 associations membres, soit seize adhérents de plus qu’à l’ONU, l’institution a généré des revenus de 5,7 milliards de dollars (5,2 milliards d’euros) entre 2011 et 2014. Elle affichait un chiffre d’affaires vingt-deux fois inférieur (257 millions de dollars) à l’issue des trois dernières années de l’ère Havelange (1995-1998). Fin 2014, la FIFA était assise sur des réserves colossales (1,5 milliard de dollars). Ce matelas financier était vingt fois moins épais (76 millions) en 2003.

” La Coupe du monde, c’est notre poule aux oeufsd’or “, a rappelé Joseph Blatter lors du dernier congrès de la FIFA. En attestent les revenus (4,8 milliards) que la Fédération internationale a tirés du Mondial 2014 au Brésil. A l’instar de l’édition précédente organisée en Afrique du Sud, le récent tournoi planétaire a généré 2,4 milliards de dollars, issus exclusivement de la vente des droits télévisés.

Redistribution

Entre 2011 et 2014, la FIFA se targue d’avoir investi plus d’un milliard de dollars dans une myriade de projets de développement : aides aux Fédérations et aux Confédérations continentales, programme Goal, emblématique du règne de ” Sepp ” et lancé en 1999. C’est là le pilier du système ” blattérien “, un modèle redistributif qui a conforté la mainmise de l’Helvète sur l’instance mondiale. L’Océanie, l’Amérique du Sud, l’Asie, l’Afrique et les Caraïbes sont les régions qui profitent le plus de ces juteux fonds de développement. Ces parties du globe constituent le socle électoral de Joseph Blatter qui a rassemblé 133 suffrages sur son nom au premier tour, contre 73 au prince jordanien Ali-bin Al-Hussein, soutenu par l’Union des associations européennes présidée par le Français Michel Platini.

Entre scandales de corruption, tempête judiciaire et guerre de pouvoir, l’UEFA est en mesure de croiser le fer avec la FIFA. Si elle représentait 25 % du corps électoral au congrès, la Confédération affichait des revenus (8,3 milliards de dollars) largement supérieurs à ceux de la FIFA entre 2011 et 2014. Le Vieux Continent a également ses ” poules aux oeufs d’or “. L’édition 2014-2015 de la Ligue des champions devrait rapporter 1,34 milliard d’euros à l’UEFA. Cette dernière a par ailleurs tiré une somme équivalente de l’Euro 2012, coorganisé par l’Ukraine et la Pologne.

Rémi Dupré