C’est une offensive-éclair qu’a menée hier Manuel Valls. Un appel comme on en entend rarement à la mobilisation contre le terrorisme. Un discours lancé comme un coup de poing, applaudi debout par l’ensemble des députés qu’avait transcendés une Marseillaise funèbre et solennelle.
Depuis une semaine, la France enrichit spectaculairement sa collection d’images pour l’histoire. Mais derrière ces moments mémorables, c’est une nouvelle phase de la vie politique qui se met en place : la prise de pouvoir progressive, au sein de la majorité, d’une gauche de gouvernement débarrassée de ses complexes angéliques et droits-de-l’hommistes.
Par un heureux hasard de calendrier, cette phase intervient en même temps que doit être adoptée la loi Macron, symbole d’un début – timide – de libéralisation de quelques pans de l’économie. Venant après les tentatives chaotiques de réconciliation du gouvernement avec l’entreprise et les patrons, ce volet de l’action du Premier ministre a secoué la gauche traditionnelle, provoquant les hauts cris de celles et ceux qui voient dans quelques dimanches travaillés ou dans des ouvertures de lignes d’autocars une régression de notre modèle français. Pourtant, cette loi de modernisation passera. Et c’est le même scénario qui peut maintenant s’écrire sur la politique pénale. La prise de conscience que nous sommes en guerre, la violence des actes de barbarie perpétrés par des Français sur notre sol provoqueront un mouvement irrépressible d’adhésion à ce nouvel équilibre entre police et justice, prévention et répression.
Bien entendu, la gauche ne sera pas la seule à devoir se redéfinir : bousculée par ce repositionnement, bloquée sur son flanc par le Front national, la droite a devant elle un grand travail à faire. C’est toute la politique française qui est en train de bouger.
Nicolas Beytout