Ils sont confrontés à la même menace existentielle – le poison de l’extrémisme islamiste – et, pourtant, ils n’ont jamais réussi à s’entendre. L’Afghanistan et le Pakistan parviendront-ils à surmonter le mur de défiance qui les sépare depuis des années ? Un premier pas vient peut-être d’être franchi avec la signature d’un mémorandum en vertu duquel les services de renseignement des deux pays (le NDS afghan et l’ISI pakistanais) s’engagent à échanger des informations et à coordonner leurs opérations contre les talibans, rapporte The Nation. Cette unité affichée fait suite à la visite, la semaine dernière à Kaboul, du premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif. Ce dernier avait alors affirmé que les ennemis de l’Afghanistan étaient aussi ceux d’Islamabad (Dawn) – un geste fort. Las ! L’accord ne suscite pas un enthousiasme unanime, observent le Guardian et l’IB Times. Ainsi, les politiciens et les médias afghans ont accusé leur gouvernement d’être allé à Canossa en se vendant à un “ennemi mortel”. A la Wolesi Jirga, la chambre basse du Parlement, des voix se sont élevées pour dénoncer une initiative “qui n’est d’aucune utilité au pays”. Les députés subodorent une nouvelle rouerie de la part de l’ISI, qu’ils accusent de longue date d’entretenir secrètement des liens avec les talibans, souligne Voice of America. En arrivant au pouvoir en septembre, Ashraf Ghani s’était fait le héraut du rapprochement avec le Pakistan, engageant dans cette cause son crédit politique. Malgré les efforts de coopération déployés de part et d’autre, The Diplomat demeure sceptique sur ses chances de réussite tant les antagonismes sont profonds. Pour Moeed Yusuf, chroniqueur à Dawn, seul le Pakistan a le pouvoir d’amener les talibans à négocier en faisant pression sur eux. Et d’expliquer qu’il le doit, non seulement à M. Ghani, mais aussi à lui-même. Pour ne pas laisser s’installer un chaos pernicieux.