En Italie, Renzi promet une union civile aux couples homosexuels.

Et nous ? Au lendemain de l’adoption, samedi 23  mai, à une large majorité (62  % de oui pour 60  % de participation au référendum), du mariage homosexuel en Irlande, le premier ministre italien, Matteo Renzi, veut accélérer le pas. ” Le texte sur le contrat d’union civile ne peut plus être renvoyé “, a-t-il dit. La proposition de loi pourrait être votée en première lecture avant l’été. La Péninsule est l’un des derniers pays d’Europe occidentale à n’être dotée d’aucune norme législative sur la question des couples du même sexe.

Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Mais ni le Dico (droits et devoirs des personnes vivant de manière stable en concubinage) porté par Romano Prodi en  2007, ni le CUS (contrat d’union solidaire), son avatar, ni le DiDoRe (droits et devoirs de réciprocité entre concubins) proposé par Silvio Berlusconi en  2008 n’ont pu voir le jour, en raison de l’opposition d’une majorité catholique transversale.

Faute de législation, de nombreux maires ont décidé de sauter le pas en enregistrant des unions homosexuelles. Mais ces transcriptions sur des registres d’état civil ne valent rien au regard de la loi. Toutefois, une décision du tribunal de Grosseto (Toscane) a validé le mariage, à New York, de deux Italiens. Les associations de défense des homosexuels avaient salué ” un événement révolutionnaire “.

” Bataille de civilisation “Mais il n’est pas question de ” mariage “, comme en témoignent les 4 000  amendements déposés par les adversaires du projet de loi. La plupart d’entre eux viennent du groupe centriste dont les élus sont les plus proches de l’Eglise italienne et du Vatican. Ils refusent par avance toute tentative visant à autoriser l’adoption ou permettant à l’un des survivants d’un couple homosexuel de bénéficier d’une pension de réversion. Le Parti démocrate (centre gauche) est également partagé. En octobre  2014, un sondage de l’institut Demos, révélait que 55  % des Italiens étaient désormais favorables au ” mariage gay “, contre 41  % un an plus tôt.

” C’est désormais une bataille de civilisation et il y a une volonté “, relève Maria Elena Boschi, la ministre des relations avec le Parlement. En effet, aucune formation ne veut faire de ce débat une bataille politique droite-gauche. Même hétéroclite, une majorité existe. La gauche peut bénéficier du soutien du Mouvement 5 étoiles et de Forza Italia. Sous l’influence de sa jeune fiancée, Silvio Berlusconi, grand contempteur des gays, est désormais acquis à la cause de leurs droits. Le chef de file des centristes, le ministre de l’intérieur Angelino Alfano, reconnaît d’ores et déjà qu’il invitera ses troupes à voter contre, mais qu’il ” ne quittera pas le gouvernement “ en cas de désaveu. Même le secrétaire de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, devenu bigot, est favorable au contrat d’union civile.

L’Eglise catholique, de la même façon qu’elle a renoncé à livrer une bataille front contre front à l’occasion de l’adoption du ” divorzio breve “ réduisant de trois ans à six mois le temps de latence entre une séparation et le prononcé du divorce, fait profil bas. Tout comme le clergé irlandais constate sa perte d’influence, la hiérarchie catholique italienne et le Vatican n’entendent pas mener le combat de trop après ceux (déjà perdus) contre le divorce et l’avortement.

Philippe Ridet