Boire, offrir, plaisir.

Saveurs ! Aujourd’hui j’avais une idée du tonnerre pour cette chronique, un truc façon texte définitif, un truc qui ferait date. Mais le plaisir et l’envie de partager avec vous l’ont emporté, je vais vous présenter quelques vins que j’ai bus et aimés et dont je sais que vous pourriez vous aussi les aimer. Certains lecteurs de cette chronique me le demandent régulièrement mais j’attendais un déclic. Boire, offrir, plaisir Publié le jeudi 20 novembre à 14h00 Par Jean-Bernard Magescas J’attends toujours un déclic pour traiter un sujet. Celui-ci, je l’ai eu hier, en buvant les vins proposés par un très jeune homme, Jimmy, qui a décidé de suivre les traces de son père, fin connaisseur de la chose vinicole, et pas que! Jimmy est le fils du cyclopéen Didier auquel j’avais consacré une chronique il y a longtemps, presqu’un an et demi. Jimmy n’est pas vraiment sommelier, son père l’initie encore, mais il apprend vite et comme il vit au contact d’une des plus belles carte des vins de Paris je ne doute pas qu’il devienne une pointure avant la retraite. C’est déjà un vendeur hors-pair, nous en avons été les victimes ravies. Le déclic que j’ai eu hier me conduit donc à vous présenter aujourd’hui des vins qui m’ont été proposés par trois sommeliers : Gaylord Robert, du restaurant Arpège, Laurent Roucayrol, du restaurant Alain Ducasse au Plaza et Jimmy Bongain, du bar-brasserie Au Villages des Ternes. Je ne bois jamais ailleurs qu’à table. C’est ainsi. Et pourtant je suis sinon un adversaire, du moins extrêmement dubitatif des généralités que j’entends sur les accords mets et vins. Je n’y crois pas. Pas vraiment. Chacun les siens et le vin pour tous, voilà mon Credo. C’est au restaurant, en me régalant, que j’aime et peux découvrir des quantités de vins différents. Les sommeliers aiment constituer leur carte et proposer à leurs clients de découvrir des crus, des étiquettes, des régions de production que l’on ne connait pas toujours. On peut papoter avec eux et elles, car il y a de plus en plus de sommelières et c’est rudement bien. J’ai une règle, je me laisse guider. C’est la condition sine qua non pour découvrir et avoir la chance d’aimer un vin, voire même d’en faire un ami, d’y revenir avec plaisir, de le retrouver ailleurs et toujours aussi bon. Laurent Roucayrol, sommelier avisé au Plaza (Gros Mangeur) Depuis environ dix ans, les plus grands restaurants et, par conséquent, les plus grands sommeliers, font entrer dans leurs caves des vins délicieux et abordables voire de prix très peu élevé. J’entends par là des vins que l’on va trouver en ville à partir de 15 ou 20 euros. C’est par exemple le cas du Triple Zéro, Domaine La Taille aux Loups, un Montlouis pétillant qui fait sensation et régale l’âme. C’est aussi le cas d’un autre vin pétillant, de Moselle – je n’y croyais pas moi-même – que j’ai vraiment apprécié, la Cuvée Henri II, chez Oury-Schreiber. C’est Gaylord Robert qui m’a transformé en prosélyte de cette maison inconnue de moi jusqu’alors. Dans les blancs j’ai eu un coup de foudre pour le Clos St Vincent Bellet, un délicieux blanc des coteaux niçois, un truc de malade. La première fois que j’en ai bu c’était au Royal Monceau grâce à Manuel Peyrondet, le chef sommelier qui a fait évoluer, en bien mieux, leur carte des vins. Et j’en ai bu à nouveau, avec tout autant de plaisir, au resto du Plaza, grace à Laurent Roucayrol. Avec un rouget cuit sur ses écailles, délicieux. Trop la chance! Et c’est là aussi que j’ai goûté et me suis réellement délecté d’un sublime muscat, un vin du Cap Corse, domaine Pieretti, j’y pense encore. Toujours en blanc, un Pouilly-Fuissé de concours, domaine Robert Denogent, la cuvée La Croix. On l’a becté avec une terrine magnifique et même avec des huîtres et même qu’il était si bon qu’on aurait fait tout le repas avec, par exemple sur le ris de veau, si le jeune Jimmy ne nous avait pas fait découvrir d’autres vins dont nous avons fait serment de tous les boire. C’est comme ça qu’on a fait un pas, et même deux, vers deux vins, rouges, absolument épatants et même grands, dans un niveau de prix bien plus élevé mais justifié : le Chambolle-Musigny de Daniel Moine-Hudelot, qui fut maire du village, ce qui ne fait pas de lui un plus grand vigneron, je le reconnais, mais qui ne l’a pas empêché de l’être, un grand vigneron. Dé-li-ce! Dans ces occasions là, j’ai un adage « On boit quoi comme Côte-Rôtie? ». Jimmy nous a sorti une boutanche de Terres Sombres, une côte de chez Yves Cuilleron, modèle 2011, qui a joyeusement convaincu les plus réfractaires. Ce que j’aime avec les côtes c’est qu’on a l’impression qu’on pourrait les boire sans rien becter d’autre, juste en boire une bouteille comme ça. Sauf que généralement on pense ça parce qu’on a plus faim. C’est comme un au revoir. Pas vraiment quand même parce que nous on ne s’est pas arrêtés. C’est mal, je sais, mais qu’est-ce qu’on s’est régalés! Jimmy nous a sorti LE flacon. Un champagne magnifique, c’est simple je trouve pas les mots, élaboré par Pierre Larmandier, à Vertus. Son titre est Terre de Vertus. Il les a toutes. Ainsi s’achève cette chronique. Tu te doutes que j’en ai bu d’autres merveilleux, grands, nobles, souverains, splendides, bien sûr. Mais je ne suis pas entrain d’écrire un catalogue tout de même!