Ayant occupé de nombreux postes au sein des Nations unies, l’ancien secrétaire général a connu nombre de succès, d’échecs et de polémiques.
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Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies et lauréat du prix Nobel de la paix, est mort samedi 18 août à l’âge de 80 ans, au terme d’une vie consacrée à la diplomatie. Ayant occupé de nombreux postes au sein des Nations unies, l’ancien secrétaire général a connu nombre de succès, d’échecs et de polémiques.
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1992 : l’échec en Yougoslavie
Pendant la guerre en Yougoslavie, Kofi Annan est chef adjoint des opérations de maintien de la paix, spécifiquement chargé de cette région. L’ONU, qui est incapable de mettre fin à la guerre, y connaît l’un de ses principaux échecs : le massacre de Srebrenica. Un événement qui suscitera un mea culpa de la part de Kofi Annan et des Nations unies : « Par nos graves erreurs de jugement et notre incapacité à comprendre l’ampleur du mal auquel nous étions confrontés, nous avons échoué à faire notre part pour protéger les habitants de Srebrenica face aux campagnes planifiées de massacres par les forces serbes, écrit le diplomate ghanéen en 1999. Srebrenica cristallise une vérité que l’ONU et la communauté internationale ont comprise trop tard : la Bosnie-Herzégovine était autant un conflit militaire qu’une cause morale. »
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1994 : le génocide du Rwanda
Nouvel échec de celui qui est devenu le responsable des opérations de maintien de la paix : le génocide du Rwanda. Là encore, Kofi Annan reconnaîtra quelques années après les erreurs commises par l’ONU, lors d’un discours devant le Parlement rwandais, en 1998 : « Aujourd’hui, nous savons que ce que nous avons fait alors était loin d’être suffisant ; pas assez pour protéger le Rwanda contre lui-même, pas assez pour honorer les idéaux pour lesquels les Nations unies existent. »
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17 décembre 1996 : discours d’investiture
Kofi Annan démarre son premier mandat en janvier 1997. Dès son discours d’investiture, il annonce qu’il aura pour objectifs d’« assainir les Nations unies, les rendre plus présentes et plus efficaces, plus sensibles aux souhaits et aux besoins de ses membres et plus réalistes dans leurs buts et engagements ».
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1998 : création de la Cour pénale internationale
En juillet 1998 est adopté le Statut de Rome, qui crée la Cour pénale internationale, juridiction pénale permanente chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité, de crime d’agression et de crime de guerre. Elle démarre son action en 2002, malgré la réticence des Etats-Unis et de la Russie, membres du Conseil de sécurité de l’ONU, qui n’ont jamais ratifié le texte, tout comme la Chine, qui ne l’a pas signé.
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1998 : médiation auprès de Saddam Hussein
Alors que les Etats-Unis veulent bombarder l’Irak, Kofi Annan parvient à désamorcer la crise en obtenant de Saddam Hussein qu’il consente à un protocole autorisant les inspecteurs des Nations unies à visiter tout site suspect en Irak.
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2000 : rapport du millénaire
En avril 2000, le secrétaire général publie un rapport du millénaire. De ce rapport, qui appelle les chefs d’Etat et de gouvernement à faire de la lutte contre la pauvreté et contre les inégalités la priorité du début du nouveau millénaire, seront inspirés les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
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2001 : réélection et prix Nobel
En juin 2001, Kofi Annan est réélu par acclamation de l’Assemblée générale. En décembre, il obtient le prix Nobel de la paix, conjointement avec l’ONU, en hommage à leur action commune pour la paix et la justice dans le monde. Le comité a salué le secrétaire général, qui « a été en pointe pour insuffler une nouvelle vie à l’organisation », en relevant de « nouveaux défis », tels le « terrorisme international » et le sida.
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2003 : guerre en Irak
Le secrétaire général cherche à éviter la guerre en Irak, exhortant les Etats-Unis et le Royaume-Uni à ne pas envahir le pays sans le soutien de l’ONU. Il déclare cette guerre illégale en septembre 2004. Kofi Annan parlera par la suite de cette période comme de son « plus mauvais moment » à la tête de l’organisation.
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2005 : scandale du programme « Pétrole contre nourriture »
Le secrétaire général est mis en cause dans une enquête sur les errements du programme onusien « Pétrole contre nourriture ». L’opération devait permettre au régime irakien de vendre du brut en échange de biens de consommation, pour atténuer les effets de l’embargo sur les civils irakiens. Mais les enquêteurs estiment que, en sept ans, Saddam Hussein a détourné près de 1,8 milliard de dollars sous le nez de l’ONU. Selon l’investigation, Kojo Annan, le fils de Kofi Annan, a pour sa part « tenté d’intervenir dans la passation de marché ». Il aurait aussi utilisé le nom de son père pour acheter à prix réduit une Mercedes à 39 000 dollars.
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2012 : démission du poste de médiateur en Syrie
Après avoir quitté la tête de l’ONU fin 2006, Kofi Annan reste engagé sur les questions internationales. Il est nommé, le 23 février 2012, médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie, mais en démissionne quelques mois plus tard, le 31 août, estimant ne pas avoir « reçu tous les soutiens que la cause méritait ». « La militarisation croissante sur le terrain et le manque d’unanimité au Conseil de sécurité ont fondamentalement changé mon rôle », expliquait-il.
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