Cette tournée, débutée lundi 16 mars dans le Var, devrait s’achever, mercredi, à Marseille. Pour Mme Le Pen, les départementales, dans le Vaucluse, seront une pure formalité.
Selon elle, son parti sera en tête au premier tour dans les dix-sept cantons du département. Une terre qu’elle entend bien arracher à la gauche, qui dirige le conseil général depuis 2001. Et ce, même s’il faut s’entendre avec le frère ennemi de l’extrême droite, Jacques Bompard, maire d’Orange depuis 1995, député du Vaucluse et ancien dirigeant du FN.
L’éventuel succès du FN aux départementales se fera en deux temps. D’abord, en arrivant en tête des suffrages dans le pays au soir du premier tour.
Ensuite, en remportant une semaine plus tard au moins un département (l’Aisne, le Var ou le Vaucluse), même si Marine Le Pen reconnaît d’avance que l’exercice sera difficile. ” Nous sommes très raisonnables, nous n’avons pas voulu faire de pronostics. Mais quand on part d’un conseiller départemental, on ne peut qu’espérer faire des gains “, estime-t-elle, feignant la modestie.
Un scrutin d’étapeCe scrutin local n’est, en vérité, qu’une étape dans la stratégie de prise de pouvoir de Marine Le Pen. “ Il n’y a pas de succès présidentiel s’il n’y a pas de maillage territorial. L’homme politique est un animal territorial, a-t-elle martelé, mardi, devant la presse. D’ici quelques mois, nous enclencherons sur les régions, puis nous partirons à l’assaut de l’Elysée et de l’Assemblée nationale. “
Pour Mme Le Pen, la présidence de la République se conquiert par le bas. Ces derniers jours, lors de ses déplacements, elle n’a ainsi cessé de mettre en avant le sondage publié le 12 mars par l’IFOP et qui assure que plus de 73 % des habitants des villes frontistes sont satisfaits de leurs maires.
” Ce que nous avons fait dans nos villes, nous le ferons dans les départements. Je demande que les Français nous donnent l’occasion de démontrer que le FN est capable de mener une autre politique. Ils verront qu’il n’y a pas de fatalité, lance-t-elle à l’envi. Le peuple sait que notre politique est possible. “
Pour gagner, la présidente du Front national s’efforce de devenir la principale opposante au gouvernement, privant par là même l’UMP de ce rôle. ” Nous sommes les tombeurs du PS ! Dans toutes les partielles, c’est le FN qui a éliminé les socialistes dès le premier tour “, se félicite-t-elle.
Sur les terres de droite du Sud-Est, depuis lundi, Mme Le Pen n’a eu de cesse de mépriser le parti de Nicolas Sarkozy, le présentant comme inutile et complice du PS. ” L’UMP ne sert plus à rien. Elle n’est qu’une force d’appoint à un PS en déroute. Ils ne font que répéter en boucle les éléments de langage des socialistes “, a-t-elle dit au Pontet, mardi, devant plus d’un millier de personnes. Une salle galvanisée par son discours très dur sur l’immigration, le fondamentalisme et l’Union européenne, qu’elle compare à une ” idole brutale et insatiable qui demande toujours plus de sacrifices humains “.
” Une bonne fessée ” au PSDans cette tentative de se placer au centre du jeu politique, Mme Le Pen a trouvé un allié de premier plan en la personne de Manuel Valls. On ne compte plus les attaques virulentes de part et d’autre. Le premier ministre a promis de ” stigmatiser jusqu’au bout “ le FN. ” Vous trompez les petites gens, les ouvriers, les agriculteurs, vous trompez ceux qui souffrent. Alors, il est temps que dans ce pays, il y ait un débat, qu’on déchire le voile, la mascarade qu’est la vôtre “, avait-il lancé à l’Assemblée nationale, mardi 10 mars, à l’adresse de Marion Maréchal-Le Pen, députée FN du Vaucluse.
Marine Le Pen, elle, promet en retour une ” bonne fessée “ au Parti socialiste et à celui qu’elle surnomme ” Valls la fureur “, qu’elle traite de ” petit caramel qui a peur “.
Un premier ministre qu’elle décrit aussi comme ” éructant sa haine, écumant de rage, les yeux exorbités “. ” Ces élections départementales peuvent marquer le début de la disparition du PS, c’est tout ce que je souhaite pour notre pays “, lance-t-elle.
A la vérité, Mme Le Pen et M. Valls visent chacun le même objectif : rassembler et mobiliser leurs bases respectives en jouant sur l’effet repoussoir. ” Merci d’être ce que vous êtes. A chaque fois que vous ouvrez la bouche, vous faites tomber des voix pour nous “, lance-t-elle aux socialistes.
En cette fin de campagne, qui s’achèvera pour elle vendredi dans une exploitation agricole de la Manche, la présidente du FN ne se prive plus de lâcher ses coups sur ses adversaires de gauche, avec des mots très durs. Elle vilipende ainsi ce qu’elle nomme le ” funeste triple I : immigration, insécurité, impôts “. Une attitude qui n’est pas innocente. Elle a en effet pour conséquence de marginaliser l’UMP et Nicolas Sarkozy.
Olivier Faye, et Abel Mestre