Par Nicolas Beytout.
La chute du leader de la CGT, Thierry Lepaon, est une bonne nouvelle. Rien de personnel dans cette affirmation, mais seulement le constat que le péché d’argent a une chance d’être enfin puni chez les syndicats. C’est une vérité connue de tous : le financement du syndicalisme est nimbé d’un brouillard bien utile à ceux qui en vivent. Cette brume commence pourtant à se déchirer, laissant apparaître de bien troubles rapports entre ces organisations et leurs financements. Ressources, dépenses, rémunérations, emplois et salaires arrangés, caisses de solidarité plus ou moins noires, toutes les ficelles d’une économie opaque sont mises en œuvre pour contourner une réalité terrible à affronter : puisqu’ils ne représentent qu’une faible partie des salariés, les syndicats se trouvent contraints de quémander leur argent et de bidouiller leurs finances.
Le gouvernement vient de tenter de mettre par la loi un peu de clarté dans ce fatras. Mais la méthode retenue –taxes et subventions à hauteur d’une centaine de millions d’euros par an—ne résoudra pas le principal problème de ces corps sociaux : leur incapacité à susciter les adhésions et à faire vivre leur lien avec le monde réel des salariés. Plus préoccupés de luttes internes que de real-politik, plus mobilisés sur de grands combats idéologiques (35 heures, pénibilité…) que dans la bataille de l’emploi, ils n’ont plus de la notion de légitimité qu’une vision procédurale et réglementaire.
Ce cercle vicieux dans lequel ils sont pour la plupart enfermés ressemble à s’y méprendre à la spirale qui entraîne vers le fond nos partis politiques. Cela fait une bonne dizaine d’années qu’ils tentent d’en sortir. Un chemin de croix que les syndicats commencent seulement à gravir.
Nicolas Beytout