Par Nicolas Beytout
C’est « la » grande affaire du moment, celle autour de laquelle se concentre toute l’énergie de la majorité, celle qui tient en haleine les solférinologues, qui pèse sur tous les choix du gouvernement et que suit avec une attention scrupuleuse le chef de l’Etat : la préparation du Congrès du Parti socialiste est dans toutes les têtes, à gauche. Elle régit désormais en partie la vie politique du pays. Que le président de la République soit à l’écoute de sa majorité paraît naturel. Et personne, bien entendu, ne songerait à nier que la vie des partis politiques soit essentielle à la démocratie, ni que les débats soient à la base de l’action publique. Pourtant cette fois, aucune noblesse mais du calcul. Point de souffle mais du bricolage. Veut-on rallier Martine Aubry ? On lui susurre une vague promesse de création d’un « compte personnel d’activité » en… 2017. Doit-on séduire les frondeurs ? On leur sert une opportune petite aide à l’investissement des entreprises en créant une nouvelle niche fiscale, de celles-là même qu’il fallait brûler il y a peu. Et peu importe que ces dispositions n’aient aucune commune mesure avec ce qu’il faut pour redresser le pays : seul compte la mixture en vue du Congrès.
C’est l’impasse dans laquelle s’est enfermé François Hollande : un an après avoir assumé son virage social-démocrate, six mois après avoir concédé à Manuel Valls un gouvernement en cohérence, le voilà empêché d’agir par les fractures de sa propre majorité, tous ces désaccords de fond qu’il n’a jamais pris la précaution de réduire. Alors le président de la République se résout à faire ce en quoi il excelle : faire du Hollande, jongler avec les courants, flatter les ambitions et les hommes. Faire l’acrobate d’Etat, là où il faudrait un homme d’Etat.