Parce que la politique se nourrit d’images et de symboles, l’histoire électorale française retiendra ce score des départementales 2015 : et un, et deux, et trois-zéro. Et un, le département de la Corrèze, le fief de François Hollande, celui sur lequel il avait construit une partie de sa carrière politique, bascule à droite. Un camouflet personnel pour le chef de l’Etat.
Et deux, le département du Nord où la fédération socialiste se veut la plus puissante et la plus nombreuse de France, cette terre souvent considérée comme la place forte du socialisme passe à droite. C’est une gifle pour tout le Parti socialiste, et un échec personnel pour Martine Aubry qui rejoint dans cette défaite plusieurs barons du socialisme, comme Laurent Fabius, Ségolène Royal et bien sûr Manuel Valls, dont les bastions sont passés à l’opposition.
Et trois, les Bouches-du-Rhône, ce territoire qui a de tout temps été à gauche est enlevé par la droite. C’est un choc historique, mais aussi le symbole du recul général de la gauche et de son enlisement ici et là dans un socialo-clientélisme aux relents malodorants.
Le chef de l’Etat, son Premier ministre, ses grands féodaux, ses zones d’influence et son parti : c’est donc toute la cascade, toute l’architecture du pouvoir qui a été frappée par cette défaite électorale.
Et un, et deux, et trois. Le zéro, comme zéro département, c’est celui du Front national, qui ne parvient pas, semble-t-il, à concrétiser au deuxième tour ses incontestables succès du premier. Ce plafond de verre reste le principal obstacle à l’ambition de Marine Le Pen. Des trois grands blocs politiques français, seule l’alliance de la droite et du centre peut donc légitimement revendiquer la victoire dans ce match des départementales. Un succès dont l’UMP pourra tirer trois leçons : union, union, union.
Nicolas Beytout