Les Grecs ont donné hier une victoire claire au parti de gauche radicale Syriza, pour “écrire l’histoire” en “laissant l’austérité derrière [eux]”, a affirmé Alexis Tsipras, premier dirigeant européen élu sur le rejet explicite des politiques drastiques imposées par l’Union européenne (UE). La victoire a été saluée par une explosion de joie de milliers de supporteurs venus de toute l’Europe au point de ralliement de Syriza, une tente dressée dans le centre d’Athènes. Syriza a manqué de 2 sièges les 151 qui lui auraient permis d’avoir la majorité absolue et “les mains libres”, comme l’avait dit M. Tsipras. Mais il devrait pouvoir aisément trouver des appuis parmi les 13 députés du parti souverainiste des Grecs indépendants, ou des 17 de la Rivière, nouveau venu de centre gauche. “Le verdict du peuple grec signifie la fin de la troïka”, a lancé M. Tsipras, évoquant les experts de la Banque centrale européenne, de l’UE et du Fonds monétaire international, qui dictent à la Grèce une politique d’austérité qui a très durement frappé les classes moyennes et populaires depuis quatre ans. Alexis Tsipras a axé sa campagne sur une réduction de la gigantesque dette (300 milliards d’euros et 175 % du PIB) de la Grèce et sur la possibilité d’augmenter le salaire minimal de 580 euros à 751 euros, ou de supprimer certains impôts, contre l’avis de la troïka. Le succès de Syriza a fait naître l’espoir chez les partis de gauche radicale européens. Pablo Iglesias, le dirigeant de Podemos en Espagne, s’est réjoui que les Grecs aient désormais “un véritable président et non plus un délégué d’Angela Merkel” (la chancelière allemande). En France, le leader du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a évoqué “une lame de fond”, “une page nouvelle pour l’Europe”.