Les faits – Samedi et dimanche, à Lyon, le FN a mis le cap sur les élections départementales et régionales de 2015 et sur la présidentielle de 2017. Le niveau d’huile a été contrôlé, les pneus sont gonflés, la machine FN est en ordre de marche et sa présidente, Marine Le Pen, réélue sans concurrent avec 100% des suffrages.
Le Front national est en ordre de marche. Avec un nouveau secrétaire général, Nicolas Bay, 36 ans, un premier vice-president, Jean-Francois Jalkh, qui était déjà député en 1986. Et quatre vice présidents exécutifs: Louis Aliot, Florian Philippot, Steeve Briois et Marie-Christine Arnautu, proche de Jean-Marie Le Pen. Wallerand de Saint-Just reste trésorier. C’est le changement dans la continuité.
Quant à Jean-Marie Le Pen, il a eu la part belle dans ce XVe congrès avec temps de parole, vidéo hagiographique, standing ovation et applaudissements nourris à chacune de ses apparitions. Ceux qui, au sein même du FN, avaient souhaité après l’affaire de la « fournée », en juin, que Marine Le Pen mette son père sur la touche peuvent continuer à rêver jusqu’au prochain congrès.
« Notre ligne et notre stratégie sont validées et vont s’accélérer lors du discours de clôture » de Marine Le Pen, avertissait samedi Florian Philippot. En effet. Une heure durant, la présidente du FN a déroulé dimanche les thèmes qui sont les siens depuis son élection à Tours en 2011: hymne ardent à la République que n’aurait parfois pas renié Henri Guaino; critique violente de la mondialisation, de l’ultra libéralisme et du grand patronat qu’aurait pu faire sienne Jean-Luc Mélenchon; rappel des valeurs fondamentales du FN : Nation, identité, famille (avec une allusion à la GPA mais rien sur le mariage homosexuel), racines, frontières, État stratège. La patte de Florian Philippot était partout et, à la tribune, certains membres du nouveau bureau politique applaudissaient parfois mollement.
Marine Le Pen s’est adressée à son cœur de cible : petits patrons, retraités, classes moyennes, ouvriers, chômeurs ( « Quelle pire violence que la recherche infructueuse d’un emploi? »), fustigeant l’euro, l’immigration et « la soumission aux revendications des fondamentalistes » et annonçant « le grand basculement démocratique et populaire que le peuple pressent ». Car, ajoute-t-elle, déjà triomphante, « il ne fait aucun doute pour personne que nous serons au second tour » et d’ailleurs, « l’ancien et le nouveau président se bagarrent pour savoir qui montera sur la deuxième marche ».
Reprenant à son compte ce qui avait fait une partie du succès de Nicolas Sarkozy en 2007, Marine Le Pen évoque « cette capacité à raconter une grand histoire, ce grand récit français » dont elle pense devenir l’élément essentiel: « Nous avons les clés de la maison qu’ils ont bâtie autour du peuple ».
Mais avant 2017, il y aura les élections départementales des 22 et 29 mars 2015, pour lesquelles le FN s’est fixé un objectif : être le seul parti à présenter des candidats dans la totalité des quelque 4000 cantons. Quant à gagner des conseils départementaux, les responsables du FN sont plus prudents. Mais ils comptent sur de nombreux élus (un seul actuellement) et, peut-être, un statut de faiseur de roi dans quelques départements où leur progression pourrait empêcher droite et gauche d’avoir la majorité absolue.
Pour les régionales, en revanche, l’appétit du Front national ne fait que grandir, avec en ligne de lire la région Paca où Jean-Marie Le Pen devrait être chef de file, et Nord-Pas-de-Calais-Picardie où Marine Le Pen n’a pas encore décidé si elle serait candidate ou non.
Du local à l’international, le FN a aussi accueilli ce qu’en d’autres temps et autres lieux on nommait les « partis frères »: PPV néerlandais , Ligue du nord italienne, FPÖ autrichien, VRMO ultra nationaliste bulgare et Vlaams Belang flamand. On a ainsi entendu des discours très marqués « extrême droite », avec un Geert Wilders appelant à mettre « les criminels, les Djihadistes et les immigrés clandestins dehors » ou un Hans-Christian Stracher rappelant que, « en 725, les armées arabes ont pillé la ville de Lyon ». Sous les applaudissements, le hiérarque russe Andreï Issaiev à dénoncé les sanctions qui touchent son pays. Commentaire du politologue Pascal Perrineau, écoutant ces discours: « la respectabilisation à ses limites ».